Je ne suis pas parfaite, mais je suis moi
Mon nom est Valérie. J’ai 31 ans, bientôt 32… (ouch). Je suis enseignante en arts plastiques (plus beau métier du monde). Pour l’instant, l’homme de ma vie se nomme Halak, un félin roux et blanc à quatre pattes qui est ma présence quotidienne dans mon petit chez-moi qui me semble à la fois si vide et si rassurant. Je suis Montréalaise d’adoption depuis près de 2 ans déjà…2 années de bonheur, de connaissance de soi, de rechutes insoupçonnées et d’escalade vers la guérison complète. J’ai été malade…le suis-je encore? Peut-être… mais en voie de tourner enfin la dernière page de ce chapitre de ma vie qui aura duré 15 ans. 15 ans…je suis essoufflée juste à penser à tout ce que j’ai pu faire subir à mon corps au fil de ces années. Lorsque j’y pense, j’ai l’impression que tout ça fait si longtemps et parfois, j’ai même l’impression que tout ce que j’ai vécu est arrivé à quelqu’un d’autre. Et pourtant…
Pourtant à 15 ans, j’entrais dans ce cercle vicieux infernal que sont l’anorexie et la boulimie. Je croyais que cela n’allait durer qu’un temps… et je me rends compte aujourd’hui que j’ai été malade la moitié de ma vie.
J’enviais tout… La beauté, les talents, la popularité et la vie de toutes mes amies. J’essayais de toutes mes forces de me conformer à un moule…je voulais être correcte, non, je voulais être parfaite.
15 ans : Je suis montée sur une scène pour la première fois… Pour la première fois, j’entrais dans la peau d’un personnage. Le théâtre aura été pour moi un baume sur la douleur incessante.
16 ans : J’étais engagée dans un restaurant. L’horreur. Entre les restrictions qui pouvaient durer des jours et les crises après le travail, j’apprenais à mentir à tout le monde, non parce que j’étais une menteuse, mais parce que je voulais me protéger et protéger les gens autour de moi.
18 ans : Je quittais le nid familial pour le cégep. Des nouveaux visages, de nouvelles rencontres, mon premier appartement… et la chute interminable… Je voguais alors entre psychologues, nutritionnistes, médecins, travailleurs sociaux… Pour la première fois, j’ai parlé du passé… pour la première fois… je me sentais écoutée… pour la première fois, j’ai senti que j’étais importante aux yeux des autres…
21 ans : J’étais acceptée en arts option théâtre à l’université. J’étais entourée de gens qui avaient la même passion que moi : les arts, l’envie de jouer et d’être sous la lumière.
22 ans : Boulimie, anorexie, bonne période, rechute, prise de poids…
23 ans : Perte de poids, anorexie, bonne période, Stage au TNM à Montréal (bonheur, rêve, passion) Prise de poids.
24 ans : Refus dans les écoles de théâtre Montréalaise pour la troisième fois. Rechute. Chute libre. L’année de mes 24 ans aura été cruciale et un point tournant dans mon histoire. J’ai placé de côté mon rêve de devenir comédienne et je me tournais vers un autre : devenir enseignante en arts plastiques et en art dramatique
25-26-27-28-29 ans : Études, stage, anorexie, étude, boulimie, diplôme, recherche de travail en enseignement quasi impossible dans ma petite région. Maîtrise en éducation. Je suis perdue. Je me cherche, j’ai presque 30 ans…pas de travail stable… je suis encore à l’université… je coule…je le sens…je me noie… je suis au bord du précipice…je suis malade…plus que jamais.
30 ans : L’année du changement. Je dois faire quelque chose. Ma vie doit bouger. J’envoie 50 CV un peu partout au Québec. Deux mois plus tard, une offre à temps plein dans une petite école spécialisée de la grande région montréalaise apparaît… je l’accepte, je dis oui… et ma vie ne sera plus jamais ce qu’elle était.
Cette décision aura été probablement la meilleure que j’ai prise au cours de ma vie. J’ai appris à découvrir qui j’étais. J’ai appris que, oui la rechute était possible, mais qu’elle était là pour s’accrocher afin de devenir encore plus forte. J’ai appris que je pouvais être utile pour quelqu’un. Aujourd’hui, lorsque je regarde les yeux des jeunes avec qui je travaille, voir qu’ils aiment et qu’ils apprécient ce que je fais pour eux… tout ça n’a pas de prix et le tout me réchauffe le cœur. J’ai appris également qui était mes véritables amis, aussi à m’entourer des bonnes personnes et à m’éloigner de certaines.
Je n’ai pas honte de qui j’ai été et de qui je suis présentement. Je ne suis pas parfaite, mais je suis moi et tant pis s’il y a certaines personnes pour qui je ne suis pas à la hauteur. Moi je suis fière de qui je suis devenue. Il me fera plaisir d’écrire ici sur différents sujets et de partager avec vous mes pensées, mes opinions, des anecdotes afin de peut-être vous faire cheminer, vous démontrer que vous n’êtes pas seul(e) et que oui, il est possible de s’en sortir.
À bientôt,
Valérie